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07
Avr
11

Au sommet de l’aïkido.

Le Bruxellois Pierre Chalmagne, 8e Dan d’aïkido, a reçu le titre de Soke, c’est-à-dire celui de fondateur d’une école traditionnelle reconnue par le Japon. Une première pour un Occidental.

Ce titre est le couronnement d’une vie consacrée aux arts martiaux japonais.

À 75 ans, Pierre Chalmagne est un phénomène. Toujours fringuant (“Mon médecin m’a dit que je vivrais centenaire”, se plaît-il à répéter), il continue à dispenser des cours d’aïkido au hall des sports de Ganshoren.
Après 48 ans de pratique des arts martiaux japonais, il a reçu toutes les distinctions possibles.

La dernière en date, le titre honorifique de Soke, est la plus prestigieuse qui soit. Elle n’est accordée qu’au fondateur d’une école traditionnelle et héréditaire. Ce qui signifie  que Pierre Chalmagne la transmettra à l’un des ses élevés.
Pour l’obtenir, il a dû rédiger une thèse expliquant l’origine de son école, sa mission, ses objectifs, ses concepts philosophiques et pédagogiques.
C’est tout simplement la première fois que ce titre est attribué en dehors du Japon. Il l’a reçu en novembre à Virginia Beach, aux États-Unis, lors d’un Butoku Sai et Gasshuku, un stage réunissant 500 maîtres, experts et ceintures noires venant de 20 pays différents.


Rien ne prédestinait Pierre Chalmagne à une telle consécration durant sa jeunesse. Doté d’un physique pour le moins chétif (50 kg pour 1,72m), il a été régulièrement agressé durant son enfance. “Dans un premier temps, j’ai donc commencé à pratiquer les arts martiaux pour me défendre.
J’avais déjà 27 ans à l’époque. J’avais débuté par le judo, qui ne me convenait pas, car il y a
trop d’oppositions. J’ai préféré l’aïkido, dans lequel on utilise l’énergie de l’autre.

À partir de l’obtention de ma 2e Dan, je me suis réellement intéressé à la philosophie « des arts martiaux japonais”, explique-t-il.
Au point qu’aujourd’hui, Pierre Chalmagne est devenu un spécialiste de la culture du pays du soleil levant. Il étudie la philosophie orientale depuis maintenant 30 ans et finalise d’ailleurs un doctorat dans cette matière !
Aujourd’hui retraité du secteur de la chimie (il a été chercheur pendant une bonne partie de sa vie), il continue à se passionner et à se perfectionner dans les arts martiaux japonais. Outre l’aïkido, il pratique aussi l’iaido (5e Dan) et le Jodo (4e Dan). Et surtout, il continue à transmettre.

L’ Aîkido:un art martial méconnu

L’aïkido est un art martial japonais relativement peu connu en Belgique, si on le compare au karaté et surtout au judo. Il faut dire qu’il est assez récent : il n’a été fondé qu’entre 1930 et 1960 par Morihei Ueshiba, un maître japonais qui a étudié de nombreux arts martiaux au cours de sa vie.
Cette discipline s’inspire des techniques guerrières ancestrales japonaises. Mais celles-ci ont été adaptées, car la particularité de l’aïkido est qu’il se veut avant tout pacifique. Son but est d’amener l’adversaire à se rendre compte de l’inutilité du combat. “Blesser un adversaire, c’est se blesser soi-même. Contrôler une agression sans infliger de blessure, c’est  » l’Art de la Paix.”
Voilà l’une des phrases attribuées au fondateur, qui était aussi un grand penseur. Un art martial qui invite à ne pas se battre, voilà qui n’est pas courant.
L’aïkido se compose néanmoins d’une série de techniques précises, qui demandent des années de pratique avant d’être maîtrisées correctement.

Outre les mouvements à mains nues,l’aïkido intègre aussi l’étude des armes : le Jo (bâton de bois), le bokken (sabre de bois) et le tantô (couteau de bois). Les techniques se pratiquent dans différentes positions : les deux partenaires debout (Tachi waza), les deux agenouillés (Suwari waza), l’un agenouillé et l’autre debout (Hanmi-Handachi waza).
En Belgique, il y a environ 5.000 aïkidokas, dont 3.000 en Communauté française. Un plafond a été atteint  depuis quelques années. En raison de l’absence de compétitions et donc de brassage
d’argent, l’aïkido reste assez confidentiel. Il gagne pourtant à être connu.

Source :  Les sports Mag par Gaëlle Daneels

01
Fév
11

Premier Soke belge.

Voici l’article qui est paru dans le journal le Soir du 9 novembre 2010:

De mémoire de Nippon, on n’avait jamais vu ça : pour la première fois dans l’histoire des arts martiaux japonais, un Occidental s’est vu décerner, le week-end dernier, le titre de « Soke ». Dans notre langue à nous : « fondateur d’une école traditionnelle d’art martial (ryu) ». Et ce Soke carrément historique est belge. Il s’appelle Pierre Chalmagne et se trouve actuellement aux Etats-Unis où a eu lieu la cérémonie de remise du diplôme et du blason de la nouvelle école, la sienne : l’Aiki Buki In Yo Ryu.

Une distinction de plus pour un de nos concitoyens ? Pas question de banaliser l’événement dans le monde des arts martiaux japonais : « Pour obtenir ce titre de Soke, Pierre Chalmagne a pratiqué l’aïkido pendant plus de quarante ans, souligne Didier Simon, un proche de Soke Chalmagne. Il a développé des techniques originales et poussé très loin la philosophie de cet art martial, souvent considéré comme un discipline intellectuelle. Il a rédigé une thèse de 80 pages en anglais qui a retenu l’attention de la Dai Nippon Butoku Kai, la plus importante organisation pour la promotion des arts martiaux japonais. Pour la première fois, la DNBK a décerné le titre suprême de Soke à une personnalité non japonaise. Il s’agit donc d’une réussite exceptionnelle pour celui que nous appellerons désormais Soke Chalmagne. »

Avant Soke Chalmagne, il y avait Hanshi Chalmagne. Un titre déjà considérable pour ce Bruxellois de 75 ans : « C’est tout simplement le dernier grade de l’aïkido, qui consacre ceux qui ont une maîtrise totale de leur art, poursuit Didier Simon. Pour fixer l’idée, l’Europe ne compte aujourd’hui que six grands maîtres de ce niveau. Mais devenir Soke, c’est encore autre chose : le titulaire a innové, a apporté sa touche personnelle. Il a créé sa propre école qui va pouvoir rayonner dans le monde s’il le souhaite. »

Faire partager son savoir

L’aïkido est d’abord une école de la non-violence. L’aïkidoka cherche à capter l’agressivité de celui qu’il a en face de lui et à lui renvoyer. Il y est moins question de coups que de clés, d’immobilisations ou de projections.

Basée à Kyoto, la DNBK ne plaisante évidemment pas avec les arts martiaux qui ont traversé le siècle. Créée en 1895 sous des auspices nationalistes et conservateurs, il a pris un tournant après le Deuxième Guerre mondiale. Il s’agit depuis lors de faire connaître et de faire vivre la culture japonaise à travers le monde.

Soke Chalmagne incarne parfaitement ces objectifs : « Pierre Chalmagne est une personnalité exceptionnelle, souligne Didier Simon. Il a la passion de son art et celle de faire partager son savoir avec le plus grand nombre. A 75 ans, chaque samedi et chaque dimanche, il enseigne encore à Ganshoren. Il voyage beaucoup parce qu’il est une sommité. »

Une sommité belge qui épate les maîtres japonais.