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10
Oct
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L’essence des arts martiaux éthiques.

L’essence des arts martiaux éthiques

 

Hanshi Pierre Chalmagne So Shihan Hachidan Aikido DNBK

 

 

Le sport, la compétition, les Jeux Olympiques et les média ont favorisé la diffusion des arts martiaux, mais en pervertissant leur image. En effet, ils ont offert au public une vue tronquée de leur véritable nature, image bien éloignée des grandes traditions du Japon, que l’on retrouve notamment dans le Bushido et le concept de la voie (Do ou Michi). De plus en plus, les arts martiaux sont enseignés et étudiés selon une voie purement externe (Soto), en négligeant la composante interne (Uchi). C’est une vision de la partie visible de l’iceberg. La partie cachée (qui constitue le cœur de ces disciplines) n’est plus transmise, ni étudiée. L’objectif du sport, surtout en compétition, est d’être le meilleur pendant un temps. Celui du pratiquant d’arts martiaux est de travailler sur lui-même pendant toute une vie pour évoluer vers l’excellence.

 

Grâce à l’héritage culturel, spirituel et technique de la Dai Nippon Butoku Kai, nous pouvons revaloriser les arts martiaux dans leurs trois composantes : Shin (le spirituel), Gi (le gestuel) et Tai (le corporel). L’esprit et le corps sont interdépendants. La qualité du mental influence la posture et l’exécution technique. Un mental pur engendre le geste juste et inversement.

 

La nouvelle Charte de la Dai Nippon Butoku Kai, publiée en 1956, insiste sur l’importance de quelques concepts :

 

1. Budo : la voie de la pacification :

La véritable signification du terme Budo est la voie (Do ou Michi) de l’arrêt des armes (Bu) et par extension du combat, de l’agressivité et de sa forme extrême, la violence. L’art martial devrait pacifier l’esprit du pratiquant et avoir un impact sur la pacification de la société, ce dont elle a tant besoin. La peur engendre l’agressivité. La force mentale acquise par la pratique des arts martiaux éthiques (non violents et non compétitifs) engendre la pacification.

 

2. Bushido et les vertus martiales (Butoku) :

Le Bushido ou Voie (Do) du Samouraï (Bushi) constitue un code d’honneur et d’éthique. Ses principes constituent des valeurs universelles et intemporelles. Son fondement se trouve dans le concept du « Butoku » ou vertus (Toku) martiales (Bu). Les sept vertus martiales (Butoku) sont : le Courage (Yuki), la Charité (Jin), la Justice (Gi), la Courtoisie (Rei), la Sincérité (Makoto), la Loyauté (Chugi) et l’Honneur (Meiyo). Le comportement du Budoka devrait être en phase avec ces vertus martiales, clés de voûte de la Dai Nippon Butoku Kai.

 

3. Rôle des arts martiaux basés sur la tradition :

Les arts martiaux authentiques sont des outils de forge du mental. Ce renforcement du mental est une conséquence et non un but en soi. Ce mental qui se purifie progressivement et inconsciemment en éliminant la peur et l’agressivité qui y sont associées, amène l’individu à plus de sérénité et à une certaine sagesse. L’art martial véritable exige d’être pratiqué dans un état de vigilance (Zanshin) qui implique de vivre le moment présent « ici et maintenant ».

L’étude et la pratique de « Mushin no Kokoro », l’esprit du non-mental, sera obligatoire, après la maîtrise de la technique ou des kata (Aikido, Iaido, Jodo).

 

Ceux qui ont la force mentale ont la mission d’aider les plus faibles et ceux qui souffrent moralement ou physiquement. Il nous faut développer notre humanité, notre charité et aider les autres à progresser. Dans notre évolution de budoka, il y a un temps pour recevoir et un temps pour donner.

 

Nous sommes parfois enclin à nous plaindre et à nous apitoyer sur nous-mêmes, souvent trop facilement. Pourtant, la misère du monde devrait nous aider à relativiser les choses. Les grands malades (du cancer, de la leucémie) ou ceux qui sont handicapés et partiellement coupés du monde (les aveugles, les sourds- muets) font montre d’un courage et d’une force psychique extraordinaire qui souvent nous étonne. Ceci devrait être un exemple précieux pour nous tous.

14
Juil
10

La Ceinture Noire.

La Ceinture Noire


Hanshi Pierre Chalmagne So Shihan 8th Dan DNBK, Kyoto, Japon

C’est Jigoro Kano, le fondateur du Judo, qui passa du système traditionnel des certificats (Menkyo) au système Dan (degré) qui allait évoluer vers le système Kyudan. En 1883, il attribua, pour la première fois, le grade de 1er Dan à Tomita et à Saigo.

C’est sur le conseil de Jigoro Kano, dans les années 1920, que Gichin Funakoshi, le fondateur du karatédo, utilisa aussi le système des grades Dan.

La ceinture noire 1er Dan (contrairement à celles qui suivent où l’on retrouve le numéro du niveau : nidan, sandan, yondan, etc.) s’appelle SHODAN, ce qui signifie : niveau (dan) de début (sho). C’est pour rappeler aux nouveaux « shodan » que leur grade représente une étape pour approfondir la discipline. En effet, on ne peut pas maîtriser en quelques années un art martial qui exige une vie d’étude et de pratique.

Mais la ceinture noire symbolise un certain savoir synonyme de force mentale, de confiance en soi, de sagesse et d’humilité. Même le maître doit rester un éternel étudiant et conserver l’esprit du débutant (shoshin).

La ceinture noire représente le cercle de l’Univers (sans début, ni fin) et le cercle de la philosophie (souvent oubliée). Le Noir constitue la mémoire des Maîtres du passé et de la connaissance qui doit encore être découverte.

Quelques conseils généraux aux Yudansha en Aïkido :

N’employez pas la force physique, mais recherchez l’harmonie avec l’autre.

Pratiquez toujours en souplesse, selon le mode d’entraînement « ju-no-geiko »

Travaillez dans le respect du cercle, pour vos déplacements et vos techniques

Polissez sans cesse votre technique, en vous entraînant régulièrement.

Déséquilibrez votre partenaire, par de grands déplacements

Respectez les phases d’alternances du In Yo : absorption, expansion.

Quelques principes du Judo applicables à tous les arts martiaux :

  1. Chikara-Hittatsu : les efforts conduisent toujours au but.

  2. Jita-Kyoe : principe de la prospérité mutuelle

  3. Jundo-Seisho : le chemin juste conduit au but

  4. Seiki-ekisei : les progrès réalisés doivent servir aux autres

  5. Seiryoku-zen-yo : pour une meilleure utilisation de l’énergie

  6. Shin Shin Jitai : souplesse de l’esprit et du corps (ju-no-ri)

Types de ceintures :

Les mudansha (non porteurs de la ceinture noire) sont les grades Kyu ou débutants.

Il y a deux catégories de ceintures noires :

Les yudansha : du 1er au 4e Dan

Les Kodansha : du 5e au 10e Dan (le début de la maîtrise commence à ce niveau)

A partir du grade de 6e Dan : ceinture noire (kuro-obi) ou blanche et rouge (shima-obi)

A partir du grade de 8e Dan ou 9e Dan (selon les organisations) : ceinture rouge (aka-obi)

Les grades Dan :

Ils expriment non seulement le degré d’avancement technique mais reflètent également l’évolution dans la voie spirituelle (Do) et l’excellence atteinte au plan humain.

1. Grades et niveaux d’experts (yudansha):

Shodan étudiant

Nidan disciple

Sandan disciple confirmé

Yondan expert

2. Grades et niveaux des maîtres (kodansha) :

2 .1 Grades de la connaissance : Kokoro

Godan expert

Rokudan maître

2.2 Grades de la maturité : Iko-kokoro :

Shichidan maître

Hachidan maître des maîtres

Kudan maître des maîtres

Judan maître des maîtres

Système « shogoo » :

La Dai Nippon Butoku Kai attribue des titres à certains de ses membres. Ceux-ci sont soit professionnels (Renshi, Kyoshi, Hanshi), soit liés à une organisation (Shidoin, Shihandai, Shihan, So Shihan). Ce système sera présenté dans un autre article.