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L’essence des arts martiaux éthiques.

L’essence des arts martiaux éthiques

 

Hanshi Pierre Chalmagne So Shihan Hachidan Aikido DNBK

 

 

Le sport, la compétition, les Jeux Olympiques et les média ont favorisé la diffusion des arts martiaux, mais en pervertissant leur image. En effet, ils ont offert au public une vue tronquée de leur véritable nature, image bien éloignée des grandes traditions du Japon, que l’on retrouve notamment dans le Bushido et le concept de la voie (Do ou Michi). De plus en plus, les arts martiaux sont enseignés et étudiés selon une voie purement externe (Soto), en négligeant la composante interne (Uchi). C’est une vision de la partie visible de l’iceberg. La partie cachée (qui constitue le cœur de ces disciplines) n’est plus transmise, ni étudiée. L’objectif du sport, surtout en compétition, est d’être le meilleur pendant un temps. Celui du pratiquant d’arts martiaux est de travailler sur lui-même pendant toute une vie pour évoluer vers l’excellence.

 

Grâce à l’héritage culturel, spirituel et technique de la Dai Nippon Butoku Kai, nous pouvons revaloriser les arts martiaux dans leurs trois composantes : Shin (le spirituel), Gi (le gestuel) et Tai (le corporel). L’esprit et le corps sont interdépendants. La qualité du mental influence la posture et l’exécution technique. Un mental pur engendre le geste juste et inversement.

 

La nouvelle Charte de la Dai Nippon Butoku Kai, publiée en 1956, insiste sur l’importance de quelques concepts :

 

1. Budo : la voie de la pacification :

La véritable signification du terme Budo est la voie (Do ou Michi) de l’arrêt des armes (Bu) et par extension du combat, de l’agressivité et de sa forme extrême, la violence. L’art martial devrait pacifier l’esprit du pratiquant et avoir un impact sur la pacification de la société, ce dont elle a tant besoin. La peur engendre l’agressivité. La force mentale acquise par la pratique des arts martiaux éthiques (non violents et non compétitifs) engendre la pacification.

 

2. Bushido et les vertus martiales (Butoku) :

Le Bushido ou Voie (Do) du Samouraï (Bushi) constitue un code d’honneur et d’éthique. Ses principes constituent des valeurs universelles et intemporelles. Son fondement se trouve dans le concept du « Butoku » ou vertus (Toku) martiales (Bu). Les sept vertus martiales (Butoku) sont : le Courage (Yuki), la Charité (Jin), la Justice (Gi), la Courtoisie (Rei), la Sincérité (Makoto), la Loyauté (Chugi) et l’Honneur (Meiyo). Le comportement du Budoka devrait être en phase avec ces vertus martiales, clés de voûte de la Dai Nippon Butoku Kai.

 

3. Rôle des arts martiaux basés sur la tradition :

Les arts martiaux authentiques sont des outils de forge du mental. Ce renforcement du mental est une conséquence et non un but en soi. Ce mental qui se purifie progressivement et inconsciemment en éliminant la peur et l’agressivité qui y sont associées, amène l’individu à plus de sérénité et à une certaine sagesse. L’art martial véritable exige d’être pratiqué dans un état de vigilance (Zanshin) qui implique de vivre le moment présent « ici et maintenant ».

L’étude et la pratique de « Mushin no Kokoro », l’esprit du non-mental, sera obligatoire, après la maîtrise de la technique ou des kata (Aikido, Iaido, Jodo).

 

Ceux qui ont la force mentale ont la mission d’aider les plus faibles et ceux qui souffrent moralement ou physiquement. Il nous faut développer notre humanité, notre charité et aider les autres à progresser. Dans notre évolution de budoka, il y a un temps pour recevoir et un temps pour donner.

 

Nous sommes parfois enclin à nous plaindre et à nous apitoyer sur nous-mêmes, souvent trop facilement. Pourtant, la misère du monde devrait nous aider à relativiser les choses. Les grands malades (du cancer, de la leucémie) ou ceux qui sont handicapés et partiellement coupés du monde (les aveugles, les sourds- muets) font montre d’un courage et d’une force psychique extraordinaire qui souvent nous étonne. Ceci devrait être un exemple précieux pour nous tous.